Protagoniste interpellé : ce que le récit à la deuxième personne fait au “personnage”
Résumé
Au tournant des XXe et XXIe siècles se développe un mode de narration particulier où le personnage romanesque n’est plus désigné par “je” ou “il/elle” mais par “tu” ou “vous”. Simple destinataire du discours narratorial dans le récit adressé, le personnage “tu” ou “vous” se meut en un véritable protagoniste dans le récit à la deuxième personne, où il est à la fois celui à qui et celui donton raconte l’histoire. Dès lors, un double paradoxe se fait jour : pourquoi le protagoniste a-t-il besoin que lui soit racontée sa propre histoire, et comment justifier l’accès à l’intériorité du personnage par le narrateur qui dit “tu” – tous les récits considérés rapportent de fait les pensées et états intérieurs du protagoniste ?
À partir de quelques récits à la deuxième personne écrits en langue française, la présente contribution, qui s’appuie sur des analyses tant linguistiques que narratologiques, entend interroger les conséquences du recours à la deuxième personne sur le statut du personnage ainsi désigné, ou, pour le dire autrement, notre étude montrera comment la forme relativement récente du récit à la deuxième personne peut être un levier pour réfléchir sur le statut du personnage contemporain.
Mots-clés
récit à la deuxième personne ; narration paradoxale ; vraisemblance ; intériorité ; monologue
Texte intégral :
PDF2012 | Revue critique de fixxion française contemporaine | (ISSN 2033-7019) | Habillage: Ivan Arickx | Graphisme: Jeanne Monpeurt
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